mercredi 1 mai 2024

La C.F.D: Le Petit Rouillac 1889

Histoire d'un train à voie métrique

Ce petit train à voie étroite, qui traversait la campagne charentaise au début du XXe siècle, a marqué de manière indélébile l'histoire du patrimoine ferroviaire de la Charente. Tout comme le Petit Mairat, il a laissé derrière lui un héritage et son nom. Le Petit Rouillac et le Petit Mairat, deux modestes trains, ou plutôt deux tramways ruraux, sont devenus des icônes du XXe siècle dans l'histoire du patrimoine local. Le Petit Rouillac, comme la plupart des lignes à voie étroite en France, a finalement cessé d'exister. Il fait partie des lignes oubliées de la Charente, à l'instar des sept lignes économiques. La ligne du Petit Rouillac, gérée par la compagnie des C.F.D. (Chemins de Fer Départementaux), a été la première ligne ferroviaire à voie étroite inaugurée dans le département. Déclarée d'utilité publique en juillet 1886, le premier segment de 37 kilomètres, connectant Angoulême à Rouillac, a été inauguré en novembre 1889. En 1896, sept ans plus tard, deux extensions ont été réalisées : la prolongation de Rouillac à Matha et une nouvelle ligne de Cognac à Saint-Jean d'Angély.


Grille des horaires reconstitués

Quelle est la situation de ce tracé de nos Jours ?
Le parcours d'Angoulême à Rouillac, s'étendant sur 37 kilomètres, traversait Saint-Yrieix, Fléac, Saint-Saturnin, Hiersac, Neuillac, Saint-Amant de Nouëre, Saint-Cybardeaux et Rouillac. Identifier le tracé de la voie parmi tous ces villages a été particulièrement complexe. La majorité des lieux de passage ont été effacés par le temps, le développement urbain, l'évolution des villages ruraux et les changements dans le réseau routier. Sur le segment Angoulême - Hiersac, il reste peu d'endroits où les traces du passé ferroviaire sont visibles : les ruines d'un viaduc à Gond-Pontouvre, un pont à l'Houmelet.
Pour la section de Hiersac à Neuillac, la situation est différente : les emplacements par lesquels passait la voie sont restés intacts ou ont été asphaltés. Aujourd'hui, il est encore possible de suivre l'ancienne voie ferroviaire presque dans son intégralité à travers les champs de vignes autour de Douzat. 
La section de Neuillac à Rouillac se divise en deux : le tronçon de Neuillac à Saint-Amant de Nouëre a été converti en sentier de promenade, offrant un parcours ombragé très agréable pour le cyclisme. Il a été préservé et est bien entretenu.
Quant à la section de Saint-Amant à Rouillac, la situation est encore différente : des terres agricoles ont remplacé l'ancienne voie, et le tronçon de la gare de Saint-Cybardeaux à Rouillac a été transformé en route départementale.

Pour reconstituer avec exactitude le trajet complet d'Angoulême à Rouillac, j'ai utilisé un site internet extrêmement utile : IGN, Remonter le temps. Ce site propose de la cartographie et des vues aériennes historiques avec une fonctionnalité "Comparer". C'est grâce à cette fonction que j'ai pu identifier précisément chaque point de passage de la route. Après avoir confirmé les lieux de passage, il ne me restait plus qu'à aller sur le terrain pour prendre des photos.

Que reste-t-il de nos jours des gares et ouvrages ?
Tout au long du trajet d'Angoulême à Matha, le patrimoine ferroviaire est majoritairement préservé. Malgré l'expansion des villes de différentes tailles, la plupart des structures sont toujours debout. À Angoulême, le quartier de la gare, ayant subi de multiples transformations durant et après la guerre, a radicalement changé d'aspect. Le premier élément marquant est le pont sur la Charente. La première station visible est celle de Fléac, suivie par celle de Saint-Saturnin. La gare de Saint-Yrieix a été détruite durant la Seconde Guerre mondiale. Celle de Hiersac a été démolie dans les années 90 pour des travaux routiers (déviation de Hiersac). La petite gare de Douzat a été reconstruite il y a une dizaine d'années. Les stations de Neuillac-Asnières et Saint-Amant de Nouëre ont été transformées en résidences privées. Les gares de Saint-Cybardeaux et Rouillac sont également préservées. 
Pour la section Rouillac - Matha, toutes les gares ont été conservées. Beaulieu, Mareuil, Sonneville, Neuvicq, Siecq, Louzignac et Sonnac sont en bon état. Elles ont été transformées en habitations privées, à l'exception de Neuvicq le Château. Il est aussi intéressant de noter que la majorité du parcours entre Rouillac et Matha est encore accessible, la voie ferrée ayant été convertie en chemin agricole ou en petite route de campagne.


Schéma de la ligne du parcours d'Angoulême à Matha. (Source Wikipédia)

Ce petit train parcourant la campagne charentaise n'était certes pas le plus rapide. Bien qu'il s'agisse d'une locomotive avec wagon, il était perçu comme le "tramway" des campagnes. Son concept était simple : transporter des passagers sans se presser. La vitesse n'était pas essentielle, le confort du déplacement l'était davantage. Voyager en train restait plus rapide et agréable que de parcourir la même distance à pied ou en charrette tirée par des chevaux. En examinant la grille des horaires, on remarque que le trajet d'Angoulême à Rouillac, d'une longueur de 37 kilomètres, prenait en moyenne 1h40, soit une vitesse moyenne de 25 km/h. Anecdote intéressante, il est dit que le train avait parfois du mal à gravir certaines pentes, obligeant les voyageurs à descendre et pousser pour l'aider à monter. Une histoire vraiment incroyable !

Pourquoi la création de cette ligne d'Angoulême à Rouillac ?
La ligne d'Angoulême à Rouillac est historiquement significative, étant la première ligne à voie métrique de Charente, établie bien avant le "Petit Mairat". Sa création répondait à un besoin pratique : faciliter l'accès à la foire de Rouillac, un événement mensuel célèbre depuis plus de deux siècles, se tenant chaque 27 du mois. Cette foire jouissait d'une grande renommée, attirant des visiteurs bien au-delà des frontières départementales. Au XIXe siècle, il était essentiel pour les exposants et les vendeurs de transporter leurs marchandises plus efficacement qu'en charrette. Les trains permettaient ainsi aux habitants d'Angoulême de se rendre aisément à cette foire importante.



Le matériel roulant:
La compagnie de la C.F.D était bien équipé en matériel de traction et de wagons en Charente. Elle a acquis plusieurs locomotive de constructeurs différents: 
Locomotives Vapeur:
- 2 Couillet Type 030T (N°4 et 5)
- 4 SACM Type 130T (N°49, 50,51, 52)
- 3 Cail Type 130T (N° 65, 66 et 67)
         Locomotive Couillet 030T N°11

   
   Locomotive Cail 130T au musée de Pithiviers


Automotrices Diésels:
- 4 Crochat (à partir de 1923)
- 7 De Dion (à partir de 1935)
- 8 Billard (à partir de 1937)

Autorail Billard type A80D


Autorail De Dion Bouton



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