.jpg)
.jpg)
A gauche, la gare d'Angoulême est également connue sous le nom de Gare d'Orléans. A droite, les voies de l'ancienne gare de l'Etat
Comment s'est développé le réseau ferré en France
?
En 1878, Charles Freycinet, ministre des Travaux Publics, a
proposé un projet de loi pour développer un réseau ferré national afin de
faciliter les déplacements en train pour les Français. Freycinet a suggéré que
toutes les sous-préfectures et les chefs-lieux de cantons soient connectés,
avec un total de 16 000 km de voies ferrées prévues. Certaines lignes seraient
gérées par des compagnies privées, comme les Chemins de Fer d'intérêt local, ou
par la compagnie nationale. Le plan Freycinet envisageait aussi le
développement de canaux et de ports.
Le projet s'est poursuivi jusqu'en 1914. Malgré sa
conclusion, c'est grâce à la création de compagnies à voie métrique que les
chefs-lieux de canton ont été interconnectés. Ces lignes à voie métrique
étaient surnommées "Les Tortillards" ou "Tramway des
campagnes". En Charente, deux compagnies à voie métrique ont été créées
suite au plan Freycinet : la C.F.D (Chemins de Fer Départementaux) le Petit
Rouillac et Les Économiques le Petit Mairat.
Comment s'est développée Angoulême ?
Angoulême a pleinement bénéficié du plan Freycinet pour son développement. Le quartier des gares s'est établi au pied de la ville. La première gare d'Angoulême, nommée la Gare d'Orléans, a été construite
sur le site de l'ancien collège Royal de la Marine, et intègre encore aujourd'hui une partie de ces bâtiments. En 1914, Angoulême comptait cinq gares appartenant à quatre compagnies différentes, situées à seulement deux cents mètres les unes des autres. Ce rassemblement des gares a grandement contribué au dynamisme de la ville et au développement commercial du département.Les 5 gares d'Angoulême, et ses 3 tunnels:
Concernant l'ordre d'ouverture et d'inauguration des gares des différentes compagnies à Angoulême, la Compagnie "P-O" (abréviation de Paris-Orléans), s'occupait de la ligne Paris-Bordeaux. Le point de départ initial était la gare d'Orsay, qui est aujourd'hui le Musée d'Orsay. La ligne, d'une longueur de 579 km, a été inaugurée par tronçons successifs. La gare d'Angoulême se trouve sur cette ligne au kilomètre 449. Pour la Charente, la première section ouverte fut celle d'Angoulême à Bordeaux, initialement à voie unique, en 1852. D'ailleurs, le 10 octobre 1852, Napoléon III effectue le trajet des 133 km entre Bordeaux et Angoulême. La section reliant Poitiers à Angoulême a été ouverte l'année suivante, en 1853. Encore en 1853, l'accident survenu lors d'une collision frontale entre deux trains près de Poitiers a accéléré le processus de doublement des voies. Aujourd'hui, depuis l'inauguration de la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique (L.G.V S.E.A) en 2017, cette ligne historique est principalement utilisée par les trains express régionaux (T.E.R) et les convois de fret. Sans cesse améliorée, la ligne sur le sol Charentais sera électrifiée en 1938. Elle en sera d'ailleurs l'unique.
Deuxième gare, la deuxième compagnie: Gare de l'État:
La ligne ferroviaire d'Angoulême à Saintes, intégrée au projet de liaison transversale, a été concédée à la Compagnie des Chemins de Fer de Charentes en 1863. En 1878, elle a été absorbée et est devenue la gare de l'État, située juste en face de la gare de la "P-O". L'ancienne ligne en direction de Cognac - Saintes empruntait le tunnel de la Gâtine, qui correspond aujourd'hui à l'actuelle voie de l'Europe. Les tensions et conflits ont contraint la compagnie de l'État à construire son propre tunnel sous la ville. La gare de l'État est devenue le point de correspondance pour les lignes d'Angoulême à Saintes et Angoulême - Limoges, ainsi que pour la ligne Paris-Bordeaux, sans utiliser les voies de la compagnie concurrente.
Le 1er janvier 1938, avec la création de la SNCF, la gare de l'État est passée sous sa propriété. Après avoir été endommagée durant la guerre, elle a été démolie entre 1949 et 1957 (sans date exacte) lors de la restructuration du quartier de la gare et de la Madeleine. Ses deux lignes, qui n'ont jamais été électrifiées, ont été intégrées à la ligne de l'ancienne compagnie "P-O" Paris - Bordeaux. La gare de l'État sera rasée au tout début des années 50.
Les Voies métriques, les Tortillards:
En 1889, la gare de la C.F.D (Chemins de Fer Départementaux) s'est établie entre les deux gares existantes (P-O et État). Cette modeste gare, implantée entre deux grandes compagnies, faisait partie de la première ligne à voie métrique du département, orientée vers Rouillac et Matha, et avait pour objectif de connecter Angoulême à Rouillac. Le marché de Rouillac, célèbre au siècle dernier, attirait des marchands de loin. Le train local, surnommé "Petit Rouillat", a subi le même sort que la gare de l'État : le réaménagement du quartier de la gare et l'essor de l'automobile ont conduit à son déclin. En 1951, la ligne de ce tortillard a été définitivement fermée après plus de 60 ans de service. La gare de la C.F.D à Angoulême sera détruite pendant les bombardements de la guerre en 1944.
Pour conclure l'exposé sur les cinq gares d'Angoulême, il faut mentionner les deux gares de la compagnie des Économiques de Charente, qui ont su se faire une place entre et à côté des trois autres gares au début du vingtième siècle (vers 1910). Ces gares étaient sous l'égide de la compagnie "Le Petit Mairat", surnommée ainsi d'après son fondateur, Paul Mairat (1865 - 1924), ancien maire d'Alloue, conseiller général de la Charente et député. Il a aussi été directeur du journal "La Charente". Paul Mairat a soutenu le projet de création de lignes à voie métrique en Charente, aboutissant à la réalisation de sept lignes à travers le département entre 1910 et 1912.
Comme pour la compagnie de la C.F.D, l'après-guerre a marqué la fin de ces petites compagnies à voie métrique après plus de trente ans de service. En 1946, aucune ligne n'était plus en fonction. La pénurie d'acier après la guerre a précipité le démantèlement des voies pour répondre aux besoins de reconstruction sur le territoire français. La gare des Économiques Angoulême Échange sera également rasée entre 1949 et 1953 pour faire place à un bâtiment type H.L.M. La seconde gare des Économiques "Angoulême - Ville" (elle fut située juste au dessus de l'entrée du tunnel de la Gâtine) sera rasée en 1961, laissant place elle aussi à un immeuble d'habitation. A noter également, que cette compagnie bénéficiait de son propre tunnel (le troisième de la ville) pour le parcours du tracé d'Angoulême à Blanzac - Barbezieux. L'entrée du tunnel se trouve juste derrière l'immeuble au dessus de l'entrée du tunnel de la Gâtine. Il est depuis très longtemps, muré des deux cotés.
Le quartier des 5 gares d'Angoulême en image sur cette page: ICI
Un peu d'histoire:
Les grandes étapes du développement du réseau ferré en France
1. Les débuts (années 1820–1840)
-
1827 : première ligne française entre Saint-Étienne et Andrézieux (Loire), destinée surtout au transport du charbon.
-
Les premières lignes sont courtes, souvent à but industriel (mines, ports, usines).
-
À partir des années 1830, les premières lignes de voyageurs apparaissent, sur le modèle anglais.
2. Le plan en étoile de 1842
-
1842 : loi du 11 juin 1842 (sous Louis-Philippe) : l’État définit un réseau national centré sur Paris, dit le « plan en étoile de Legrand ».
-
L’État finance les grandes infrastructures (terrassements, ponts, tunnels), tandis que les compagnies privées exploitent les lignes et fournissent le matériel roulant.
-
Objectif : relier Paris aux grandes villes de province et aux frontières.
-
Résultat : dans la seconde moitié du XIXᵉ siècle, la France se couvre de lignes principales.
3. L’âge d’or des grandes compagnies (1850–1880)
-
Six grandes compagnies dominent :
-
Compagnie du Nord (vers la Belgique, Lille, Calais),
-
Est,
-
Ouest,
-
Paris-Orléans (PO),
-
Paris-Lyon-Méditerranée (PLM),
-
Midi.
-
-
Le réseau atteint toutes les grandes villes et ports, et permet une révolution des transports (voyages plus rapides, expansion du commerce, essor des industries).
-
Les gares monumentales apparaissent (Paris-Gare de Lyon, Bordeaux-Saint-Jean…).
4. L’extension aux campagnes : les « petits trains » (1880–1914)
-
La loi de 1865 puis surtout la loi de 1879 (plan Freycinet) permettent de développer des lignes d’intérêt local.
-
Objectif : « qu’aucun chef-lieu de canton ne reste à plus de 10 km d’une gare ».
-
Résultat : construction massive de petites lignes secondaires, souvent à voie étroite, gérées par des compagnies locales ou départementales (comme le « Petit Mairat » en Charente).
-
Entre 1879 et 1914, le réseau passe d’environ 25 000 km à 40 000 km, ce qui fait de la France l’un des pays les plus maillés du monde.
5. Crises, nationalisation et modernisation (1914–1945)
-
La Première Guerre mondiale use fortement le réseau (surcharges, destructions).
-
Années 1920–1930 : concurrence croissante de la route (camion, voiture, autocar). Beaucoup de petites lignes deviennent déficitaires.
-
1937 : création de la SNCF (nationalisation partielle, regroupement des compagnies).
-
La Seconde Guerre mondiale entraîne de lourdes destructions.
6. L’ère de l’électrification et du déclin des petites lignes (1945–1980)
-
Après 1945 : modernisation avec électrification des grands axes, généralisation de la signalisation automatique et des locomotives diesel.
-
Parallèlement, fermeture progressive de milliers de kilomètres de lignes secondaires peu fréquentées.
-
Le réseau se concentre sur les grands axes voyageurs et fret.
7. L’arrivée du TGV et la grande vitesse (1981 – aujourd’hui)
-
1981 : inauguration de la première ligne à grande vitesse (LGV Sud-Est, Paris–Lyon).
-
Depuis, la France a construit un réseau LGV de plus de 2 700 km, rayonnant à partir de Paris mais aussi connecté à l’Allemagne, la Belgique, la Suisse, l’Italie et l’Espagne.
-
Le TGV devient un symbole mondial du transport ferroviaire moderne.
8. Aujourd’hui et demain
-
Réseau actuel : environ 28 000 km de lignes, dont 2 700 km de LGV.
-
Priorités actuelles :
-
relance du fret ferroviaire,
-
modernisation des lignes régionales (TER),
-
développement des RER métropolitains dans les grandes villes,
-
extensions LGV (ex. Bordeaux–Toulouse, Marseille–Nice).
-
📊 En résumé
-
1827–1842 : balbutiements et premières lignes.
-
1842–1880 : constitution du réseau national, « étoile de Paris ».
-
1880–1914 : âge d’or, extension aux campagnes (40 000 km).
-
1914–1980 : guerres, nationalisation, modernisation, déclin des petites lignes.
-
Depuis 1981 : TGV et grands axes à grande vitesse.
.jpg)
